ETALONNIER : travail réalisé par Annie THEPOT
Définition :
Larousse : RIEN
Robert : RIEN
"Nouveau" Larousse illustré (édition début 20ème) : "Celui qui possède des étalons et les loue pour la monte des poulinières"
Littré : "Il y a deux sortes d'étalonniers :
- ceux qui font naître et élèvent des chevaux entiers pour les vendre
- ceux qui les possèdent pour en tirer profit en les livrant à la monte".
Après la théorie, voyons la pratique.
Tout le monde s'accorde à dire que l'étalonnier est au début du XXème siècle une personne qui fait, à la demande, des tournées dans les fermes et chez les éleveurs avec son ou ses étalons pour leur faire saillire des juments.
Vous avez bien compris, c'est un entremetteur.
Le métier d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'hier. C'est celui d'hier qui nous intéresse, car c'était le métier de mon arrière grand-père et de ses fils, nés dans l'Audomarois (région de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais) : Jean-Baptiste RISBOURG (1831), Félix (1874) et Henri (1881).
Bien sûr, ce n'était pas le seul revenu de la famille (5 enfants) ; on les note dans les recensements : soit étalonnier, soit cultivateur, soit fermier. Ils étaient un peu tout ça à la fois.
A la période de "monte" (saison de la reproduction), entre février et juillet, les voilà partis de bonne heure, à pied ou sur leur fière monture. Ils se rendent à la ferme voisine ou bien à plusieurs lieues. Dans les fermes accueillantes, un ch'ti café les attend sur la cuisinière ronronnante.
Nous sommes avant l'arrivée massive du tracteur. Les haras nationaux sont nombreux (un par canton), mais ils sont encore bien souvent trop éloignés de nombreuses exploitations agricoles. Des éleveurs, propriétaires d'étalons, les étalonniers, agréés par les haras nationaux, existaient dans presque toutes les communes.
L'idéal était de posséder deux étalons. Le client en choisissait un pour sa jument. L'étalonnier, pour préserver la fraîcheur de l'étalon choisi, présentait l'autre (le boute-en-train, le souffleur) à la jument. L'attitude de celle-ci indiquait si elle était "prête" ou non. Alors seulement, on présentait l'étalon choisi ; il ne risquait plus de recevoir le coup de sabot de mauvaise humeur de la jument. Il pouvait officier tout à son aise.
Chaque étalonnier doit metre en valeur les qualités de son étalon (voire cacher une tare ou un défaut).
Déjà, il étrille, brosse, lustre, cure, voire natte l'objet de sa fierté.
Dans le Pas-de-Calais, ma grand-mère me précise que son père et ses frères participaient aux foires et comices agricoles. Et leurs chevaux, disait-elle fièrement, remportaient des médailles et des prix.
Le maréchal ferrant était de la partie : si nécessaire, il savait éviter une boîterie.
L'étalonnier d'aujourd'hui est le plus souvent responsable des haras, parfois éleveur, souvent agriculteur.
Il accueille et assure la fécondation des juments qu'il garde en pension contre rémunération.
Pour ne pas fatiguer l'étalon, il peut recourir à l'insémination artificielle, un saut pouvant ainsi honorer plusieurs juments.
Pour la monte publique, il doit demander un agrément pour chacun de ses étalons.