NOTRE VICE-PRESIDENT DANIEL WILLEMAIN
EST DECEDE
Nous avons l'immense tristesse d'avoir perdu notre vice-président Daniel WILLEMAIN, le 10 mars 2021 à l'âge de 81 ans. Maraîcher et vigneron depuis l'âge de 16 ans, il exerçait son métier avec fierté et professionnalisme.
Il était la mémoire vivante du XXème, des évènements et des personnes qui ont traversé le siècle dernier. Nous perdons avec lui non seulement un historien scrupuleux mais aussi un ami chaleureux et fidèle, engagé dans des causes nobles.
Notre association lui a rendu hommage lors de son enterrement à l'église de Saint Jean-Baptiste mardi 16 mars. Les porte-drapeaux étaient présents pour lui qui a vécu la guerre d'Algérie.
Notre association d’Histoire et de Sauvegarde du Vieux Carrières est particulièrement touchée par la disparition de Daniel WILLEMAIN. En effet, outre un historien passionné par l’histoire de Carrières-sur-Seine, nous perdons aussi un ami chaleureux et généreux.
Daniel était la mémoire vivante de notre commune. Carrières n’avait pas de secrets pour lui qui y était né et qui, dès l’adolescence, a cultivé sa terre.
Par le jeu de la transmission des souvenirs par les générations précédentes, lui, qui est né juste avant la guerre, a pu couvrir tous les évènements du XXème siècle. Cela, il l’a fait en relatant de sa belle écriture appliquée des pages d’histoire et des anecdotes locales à partir de ses recherches aux Archives Départementales et des journaux locaux, qui ont fait le régal de notre association.
Mais Daniel, ce n’était pas juste cela : c’était aussi un terrien empreint de culture paysanne. Il connaissait tout des activités traditionnelles de Carrières :
- la viticulture – chacun se rappelle le petit « baco » issu de ses vignes qu’il faisait goûter lors des Journées du Patrimoine.
- le maraîchage : qui ne l’a vu bêcher sa terre près de ses serres et monter son tracteur dans les rues de Carrières ?
- l’extraction de la pierre : il a vécu la fin de la belle époque des carriers jusqu’à l’avènement du béton ;
- enfin, la culture du champignon à laquelle ceux-ci se sont reconvertis jusqu’à ce qu’ils soient concurrencés par d’autres pays européens.
Cette connaissance historique, il l’a transmise dans des recueils rédigés à la main sur l’agriculture, les carrières... Il a aussi contribué avec Françoise Gaultier à faire classer le pressoir banal du XVIIIème du Club du Soleil par les Monuments Historiques.
Très tôt, Daniel a utilisé les progrès techniques qui ont permis la mécanisation de l’agriculture et les a décrits mieux que quiconque. Le sérieux avec lequel il menait ses recherches historiques, tant aux archives départementales, notariales et municipales que dans des journaux locaux, était inattendu de la part d’un homme qui, orphelin de père, a du assumer dès l’adolescence des responsabilités familiales.
Il s’est engagé au delà du quotidien : il fut président du syndicat agricole pendant de nombreuses années et, lors du creusement de l’autoroute A 14 et l’aménagement de la 1ère tranche de la ZAC des Plants Catelaine, a défendu les intérêts des agriculteurs pour l’indemnisation de leurs terres.
Mais le plus émouvant était l’amitié – je dirais même l’affection – qu’il portait à ses amis et à son entourage, sous des dehors bourrus ou bougons. Rappelons-nous que le village appartient à une dizaine de familles établies depuis le Moyen-Age et que tout le monde ici est « cousin-cousine »…
A une époque où Carrières n’appartenait qu’à ses ruraux, où tout le monde côtoyait tout le monde dès la petite enfance, fréquentait l’école unique et jouait dans les ruelles encore désertées par les voitures, des liens ont été étroitement tissés par cette génération. Daniel était très tolérant envers les erreurs des autres et je l’ai vu pleurer d’émotion à la mémoire d’un camarade.
Conscient que son monde paysan disparaissait, il s’est attaché à conserver la mémoire des gestes anciens et, ce faisant, la mémoire d’une communauté chaleureuse et enracinée dans son terroir. Qu’il ne s’inquiète pas : notre association d’histoire prend le relais.
Pour tout cela, nous le remercions du fond du cœur.
Elisabeth SAUNIER