Les joutes fluviales

« Le 20 juillet 1890, mille cinq cents personnes se pressaient assises sur le joli tapis de verdure à gauche de la place des Fêtes, regardant avec curiosité la Grande Joute d’amateurs, curieux spectacle pendant cinq heures, applaudissant tous les plus forts jouteurs de la Seine et de la Marne, auxquels Carrières-Saint-Denis peut sans crainte se prévaloir d’en posséder quelques uns ; Monsieur « La Soupe » (le « père La Soupe ») hors concours, le redoutable Chaillou, l’intrépide Chapelle, le solide La Motte, le fils Donnat, un futur grand jouteur, et enfin la terreur des jouteurs, Paureau, dit « Père » qui, par modestie, n’avait pas cru devoir se mesurer à tous ces colosses.

Le succès sans précédent de cette joute nous oblige à l’organiser chaque année ».

Article de journal relevé par Daniel Willemain

Archives Départementales

 

Les joutes à la lance parisiennes sont très anciennes à Carrières. Il est possible que l’on retrouve leur origine dans les archives de la mairie. Monsieur Elie Marie BRESNU, dit « Père La Motte », reçut une médaille du maire Léon COMMARTIN en 1881, à l’occasion d’un tournoi. 


Après la deuxième guerre mondiale, la Société Nautique de Joutes à la Lance, Sauvetage et Natation de Carrières-sur-Seine et Houilles est reformée en 1945 avec les anciens d’avant 1939, toujours sous la présidence de Paul BRESNU, puis sous celle de Fernand DAUBIN.

Les joutes avaient lieu l’après-midi du deuxième dimanche de la fête foraine de Carrières-sur-Seine, à la fin juin. Cela commençait avec le défilé des jouteurs avec leurs lances dans les rues du village. Ils étaient habillés tout en blanc. Pour les différencier, ils portaient une ceinture de tissu et un béret rouges, s’ils joutaient sur le bateau rouge, une ceinture de tissu et un béret bleus, s’ils joutaient sur le bateau bleu. Ils étaient accompagnés par une fanfare qui les amenait au bord de la Seine, place des Fêtes, derrière la double rangée de marronniers.

Avant 1914, les joutes avaient lieu en face des grilles du parc de la mairie ; elles ont eu lieu aussi, à l’occasion des fêtes nautiques de 1937, dans le grand bassin au milieu du parc de la mairie. 

Tous les ans, étaient organisés les championnats de France de joute parisienne. Les jouteurs étaient protégés par un plastron qui leur couvrait toute la poitrine jusqu’à la ceinture. Il existait deux types de plastron : métallique avec emplacement central pour y mettre le bout de la lance, en toile très bien rembourrée et matelassée.

Les bateaux ou barques de joute, un rouge, un bleu, étaient à fond plat, d’une longueur de 5 mètres, avec à l’arrière une plate-forme surélevée où se tenait le jouteur nommé le « trinquet ».

L’équipage comprenait deux solides rameurs et un barreur très expérimentés afin que les bateaux passent très près et se croisent l’un près de l’autre afin que les jouteurs puissent s’atteindre avec leur lance et fassent tomber à l’eau l’adversaire.

Les règles des positions des jouteurs sur le trinquet étaient les suivantes :

-       D’abord plein trinquet, deux ou trois passes, si personne n’était tombé à l’eau.

-       Deux passes demi trinquet si encore personne n’était tombé à l’eau.

-      Passe à pieds joints sur le bord arrière du trinquet jusqu’à ce que l’un des deux adversaires tombe à l’eau.

Daniel WILLEMAIN

28 décembre 1998