L'extraction de la pierre
Carrières-Saint-Denis, comme l'indique son nom, a été fondée en 1137 par l'abbé Suger afin d'exploiter la pierre de son sous-sol.
Ce calcaire grossier, la mer l'a déposé il y a 45 à 50 millions d'années...
Lorsque l’émissaire de Sèvres-Achères a été creusé, des études préliminaires ont été menées pour sa réalisation. Voici un extrait de l’ouvrage « Pour une Seine plus propre – Un nouvel émissaire Sèvres-Achères » publié en 1985 par le Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP).
Une campagne géologique réalisée en 981 comportait 27 sondages représentant environ 2 000 mètres de linéaire de forage. Une soixantaine d’échantillons de terrains ont été analysés en laboratoire et les essais d’eau classiques ont permis de mesurer la perméabilité des terrains rencontrés. Ces résultats, recoupés avec ceux de la banque de données du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), et ceux recueillis lors des travaux de construction des précédents émissaires ont permis d’établir un premier profil géologique de l’ouvrage.
D’autres campagnes ponctuelles avec une maille de sondages plus serrée ont permis en outre de préciser les endroits susceptibles de recéler un accident géologique. C’est à partir de tous ces renseignements que le projet a pu être établi ; le découpage par lots tient compte des conditions géologiques afin d’adapter les techniques à la nature des terrains traversés.
LES PREMIERS TERRAINS DE L'ERE TERTIAIRE
Il y a 75 millions d’années, la plus grande partie de la France était recouverte par la mer. Au fond de cette mer se sont déposés des débris de coquilles d’animaux marins. Durant des milliers d’années, ces restes se sont consolidés et ont fini par former la craie blanche dont l’épaisseur atteint plus de 200 mètres dans notre région.
A la fin de l’ère tertiaire (il y a 65 millions d’années), la mer s’est étirée et a laissé émerger la surface de la craie qui a subi alors une intense érosion. Puis une série de soulèvements et d’affaissements de la croûte terrestre a provoqué des invasions et des retraits successifs de la mer dans le bassin parisien. Les terrains datant de cette époque se sont formés soit par dépôt au fond de la mer quand celle-ci recouvrait notre région, soit quand elle s’était retirée, par accumulation d’alluvions charriées par des cours d’eau en provenance de régions plus élevées.
Au cours d’une première avancée de la mer, se sont déposés en milieu marin les marnes et calcaires de Meudon. Son retrait a laissé un paysage lagunaire sur lequel s’est déposée d’abord l’argile plastique apportée par des fleuves depuis le Massif Central, puis les sables d’Auteuil et les fausses glaises (étage sparnacien). Une nouvelle transgression de la mer, venue du nord et arrêtée par les hauteurs de Meudon a provoqué le dépôt des sables de Cuise (étage cuisien).
LE CALCAIRE GROSSIER
Comme la craie, le calcaire grossier provient des dépôts qui se sont formés au fond d’une mer chaude (il y a 45 millions d’années). L’étude des nombreuses empreintes de coquilles d’animaux marins gravées dans cette pierre montre en effet qu’il régnait à cette époque un climat tropical sur le bassin parisien.
La plupart des carrières souterraines de Paris ont été creusées dans cet étage géologique. L’épaisseur totale de ces bancs de calcaire est d’environ 20 mètres. Leur dureté et leur qualité comme pierre à bâtir est assez variable. Chaque banc a été baptisé par les carriers. Les plus connus sont de bas en haut :
La pierre à Liard
Le banc Saint-Jacques
Le Vergelé
Le Banc Royal
Le Cliquart
Le calcaire grossier et le dépôt supérieur des marnes et caillasses forment l’étage du Lutétien ainsi nommé parce qu’il illustre parfaitement dans le bassin parisien ce qu’on appelle en géologie un cycle sédimentaire. Dans la phase initiale de transgression, lorsque la mer gagne sur le continent, il est possible de suivre cette lisière par des dépôts de sables grossiers mêlés de galets de silex. Quand la mer est suffisamment profonde, des sédiments organo-détritiques se déposent pour former ensuite par diagénèse les horizons calcaires. Enfin, lorsque la mer se retire, elle laisse subsister des lagunes où se développe une sédimentation de type évaporitique ou chimique.
LA GALERIE DE L’EMISSAIRE
Elle a été creusée dans des terrains très divers qui ont été reconnus par une campagne de sondages préliminaires.
Dans le siphon central de Nanterre et dans la partie amont (Saint-Cloud), la roche rencontrée est la craie.
Sous le territoire des communes de Suresnes, Rueil-Malmaison et Nanterre (sauf dans le siphon), la galerie traverse une série de terrains reposant sur la craie et donc plus récents (tertiaire inférieur) : calcaire, marnes, argiles, sable.
Dans la partie aval, de la Frette à Houilles, l’émissaire a été creusé dans un terrain de formation encore plus récente (déposé il y a environ 45 millions d’années), le calcaire grossier dont les bancs de roche ont été largement utilisés pour la construction de Paris.