LE PRESSOIR DU XVIIIEME SIECLE

Ce pressoir du XVIIIème siècle, visible dans l'enceinte du "Club du Seoleil", a été inscrit sur la liste des Antiquités et Objets dressée par la Direction des Archives Départementales. en 2010, d'après le rapport d'Elisabeth GAUTHIER-DESVAUX du 15 avril 2010. Cette inscription répond à la demande de Françoise GAUTIER, actuellement déléguée au patrimoine de la municipalité de Carrières.

Ce pressoir à roue et à corde du XVIIIème siècle, appelé étiquet, appartenait à Jean Sarazin, carrier vigneron en 1762. Il se trouve toujours dans une bauve (carrière de plain-pied) au Club du Soleil.

Voici ce que Madame Elisabeth GAUTIER-DESVAUX écrit dans son rapport :

"Le pressoir, de type « pressoir étiquet », dit encore « pressoir à roue et corde », témoigne de l’ancienne activité viticole de cette région, attestée jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale par les statistiques agricoles : 165 hectares plantés en vigne en 1780, 180 en 1822, 130 en 1868, 92 en 1908, 10 en 1920.

Les planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert fournissent de précieuses indications sur le mécanisme simple qui assurait la presse des grappes : une vis en bois coulissant dans l’écrou d’un madrier horizontal composant, avec deux montants verticaux, le « mouton » destiné à assurer la stabilité de l’ensemble, vient progressivement exercer une pression sur la pièce de bois massive glissant progressivement de haut en bas dans les rainures internes des montants verticaux, au contact des claies contenant les grappes dont le jus s’écoule dans un bassin de pierre. La vis se trouve elle-même entraînée par une corde reliée à un axe vertical ou « arbret », pivotant grâce à un manchon actionné à bras d’homme (dans le cas de pressoirs plus sophistiqués, la corde s’enroule sur une deuxième roue munie de plots) ; dans le présent cas, l’arbret a disparu, seule l’encoche ménagée dans la poutre horizontale témoignant de l’ancienne disposition.

L’ensemble d’un volume cubique de 2m3 environ, est attesté dès les années 1760 : dans un inventaire après décès conservé dans le minutier de Carrière-Saint-Denis aux Archives départementales du Val d’Oise et communiqué par M. Daniel WILLEMAIN qui prendra part à la CDOM.

Le pressoir apparaît dans la succession de Jean Sarrazin (AD du 95). Son fils, Michel, vigneron-carrier en hérite en 1762. Au décès de Michel et de sa femme, les biens sont partagés entre leurs six enfants.

Le document établi le 6 avril 1785, à l'occasion de l'inventaire successoral, en mentionne les pièces constitutives : « 12 plots, 7 hets, 2 grosses planches appelées truies, 1 vieux arbret, 1 vieille vis, 1 gros morceau de bois appelé écrou, 4  bouts de bois au-dessus de l’écrou, 2 solives joignant et soutenant l’écrou et plusieurs pièces de bois ». La roue et la vis ont probablement été restaurées après 1785.

Ce dispositif constitue l’un des plus anciens conservés dans le département, avec celui des Mousseaux (classé au titre des monuments historiques », d’un type plus massif, dit « pressoir à longue étreinte », aussi bien utilisé pour presser les pommes  broyées préalablement dans le « gadage » que les grappes de raisin.

On ne peut affirmer avec certitude que ce pressoir était un pressoir banal mais on sait par des baux d’époque qu’il existait plusieurs pressoirs banaux ou seigneuriaux à Carrières. Le premier fait état de la location en 1302, sous le règne de Philippe Le Bel, d’une maison et d’un pressoir à un sieur Thibaut De La Granche demeurant à Chatou, ce bien appartenant aux religieux de Saint-Denis. Le second, daté de 1518, sous le règne de François 1er, fait état d’un bail à fermage concédé à Pierre Bellenier par le trésorier Frère Mathieu, comportant cour, grange, colombier, pressoir, terre labourable et jardin, ainsi qu’une maison, le tout dépendant de la prévôté de l’Abbaye de Saint-Denis et soumis à juridiction.