LE MOULIN DE CARRIERES

Le 4 août 1425, est établi un bail par les religieux de Saint-Denis au profit de Collin de Saint Martin, meunier et tonnelier, pour y construire un moulin. Il sera détruit pendant la guerre de Cent Ans. En 1470, le trésorier de Saint-Denis donne à bail à Pierre Trancart, charpentier à la longue cognée, une masse de pierres sous réserve qu’il remette le moulin en état dans les deux ans à venir. Des baux seront ainsi attribués à plusieurs meuniers successifs jusqu’à ce que François Eragne, en juin 1897, en devienne le propriétaire définitif.

La toiture était construite en bois et  supportait l'axe principal des ailes. En tournant le dôme qui roulait sur une couronne de bois, les ailes étaient placées face au vent. Le meunier se servait de la queue, reliée au dôme pour orienter la voilure. Tels les grands dinosaures des temps jadis, les moulins à vent en France ont suivi cette destinée. Aujourd'hui, il ne reste plus en majorité que de grandes coquilles vides, offrant plus désolation, qu'admiration.

 

Répertoriés pour la première fois sur la grande carte de France en 180 feuillets de Cassini de Thury en 1757, on comptabilisait dans certaines régions, jusqu'à   un moulin pour 12 km². En 1838, la "Géographie industrielle et commerciale de la France" en dénombrait 12000.

Balayés par la rude concurrence des minoteries industrielles, les grandes ailes ponctuant nos paysages de campagne se sont arrêtées les unes après les autres. Alphonse Daudet a retracé dans "Le secret de maître Cornille" le déclin de ce métier artisanal.

Une fois immobilisées faute d'ouvrage, les meuniers, la rage au coeur, la mort dans l'âme se décidaient à l'abattre. Le besoin de matériau, la pénurie de bois de chauffage, le souci de récupérer l'emplacement pour la mise en culture, et plus que tout, le fisc, inexorable, qui continuait à exiger l'impôt des meuniers, devenus chômeurs, a contribué à cette destruction massive.

 

Henry Chéron, ministre de la troisième république admit qu'on cessa d'imposer les moulins à vent non démuni de ses ailes, à condition qu'il devienne "à usage agricole" (stockage de matériel) ou "bâtiment rural". Mais le vague dans l'article de loi, le zèle de certains agents du fisc, poussèrent nombre de propriétaires  à la démolition complète. C'est ainsi que dans la période de vingt ans séparant les 2 guerres mondiales, la plupart des moulins condamnés à l'immobilité disparurent.

En même temps que l’on bâtît la grange dîmeresse dont on voit encore les vestiges en face de l’église, il est permis de croire que l’on éleva le moulin dès cette époque. Quoi qu’il en soit, les registres de l’abbaye ne font état de ce dernier qu’en août 1425, date à laquelle ils donnèrent à bail à Collin de Saint-Martin, meunier et tonnelier, ainsi qu’à sa femme Perrette, un moulin à vent et trois arpents de terre autour d’iceluy, sis au-dessus de Carrières-Saint-Denis, sur la rivière de « Seyne », moyennant quatre livres parisis de Croix cens pour en jouir sa vie durant, celle de sa femme et de ses enfants, à condition à la fin « d’icelles vies de laisser ledit moulin, moulant, garni et suffisamment de toutes choses qui appartient à un moulin à vent".

 

On peut supposer que l’on bâtit le moulin en même temps que la grange dîmeresse mais, en tout état de cause, ce n’est que le 4 août 1425 que les registres de l’abbaye ne font état de ce dernier, date à laquelle ils donnèrent à « bail à Collin de Saint-Martin, meunier et tonnelier, ainsi qu’à sa femme Perrette, un moulin à vent et trois arpents de terre autour d’iceluy, sis au-dessus de Carrières-Saint-Denis, sur la rivière de « Seyne », moyennant quatre livres parisis de Croix cens pour en jouir sa vie durant, celle de sa femme et de ses enfants, à condition à la fin d’icelles vies de laisser ledit moulin, moulant, garni et suffisamment de toutes choses qui appartient à un moulin à vent ».

 

Soit vétusté, soit plus probablement des suites d’évènements de la guerre de Cent Ans, le moulin était détruit et le 25 novembre 1470, le trésorier de l’abbaye le donna à bail à Pierre Trancart, « charpentier à la longue cognée », demeurant à Montesson, pour une masse de pierres où était autrefois un moulin à vent et ses dépendances, contenant en tout trois arpents de terre « assis » au terroir de Carrières-Saint-Denis pour huit deniers parisis de rente annuelle et perpétuelle étant tenu ledit preneur de mettre lui ou ses « hoirs » ledit moulin en état dans les deux ans, moulant et tenir « iceluy » en telle et si bonne nature que ledit « cens » ne sera pas hypothéqué.

Trouvant sans doute plus conforme à leur intérêt de donner le moulin à ferme comme ils le faisaient pour la seigneurie, les religieux passèrent le 27 décembre 1514 à Pierre de Rossigny un bail pour neuf ans, moyennant huit livres parisis de loyer « par chacun an » devant Georges Tourneur, commis tabellion, en la prévôté de Saint-Denis.

Les choses durent continuer de la même façon pendant un certain temps, puis par la suite, les religieux durent aliéner le moulin car le 1er mai 1740 on trouve dans un registre « d’ensaisinement » que Jean Moreau en était le propriétaire et qu’il leur vendit la moitié moyennant soixante livres de rente foncière et rachetables et cent-vingt livres de « pot-de-vin » à son fils Jean-Baptiste et à sa femme Jeanne Daubin pour le tout consistant en un moulin à vent avec la maison et ses dépendances : deux caves, écurie, salle, grenier, vignes, jardin et puits, tenant la totalité d’un côté au chemin de la Hayette, d’autre bout au chemin de Houilles, d’un bout l’abbé Duchesne, et d’autre bout au sieur Duchesne.

Il s’agissait là, selon toute vraisemblance, d’une succession, car quelques mois plus tard on voit le même J-B. Moreau acheter un dixième du moulin à un nommé Matis puis un cinquième pour deux cent cinquante livres à François Réal et sa femme Marie Moreau, par contrat passé devant maître Girard, notaire, le 8 septembre 1739.

Les mutations duraient encore en 1747 lorsque Moreau achète encore la dixième partie du moulin et la tour de pierre ainsi que la maison attenante à Nicolas Pauquet et sa femme Catherine Moreau. Ainsi, nous voyons Jean Moreau se rendre acquéreur des parties du moulin que ses co-héritiers possédaient par dixièmes et même par cinquièmes.

De 1830 à 1846, le moulin tourne toujours et devient la propriété de M. Garde. Lui succèdent d’abord la famille Daré qui le posséda puis, en juillet 1846, Madame Veuve Ract en qualité de seule héritière de Nicolas Daré et Sophie Gauthier, enfin, le 30 janvier 1865, par donation, Sophie Pantoux et Mademoiselle Justine Ract, chacune pour moitié. Entre 1865 et 1880, il appartient aux époux Pantoux qui finissent par le vendre à Monsieur François Guillaume Eragne, pour la somme de six mille francs, le 20 septembre 1880.

Ce dernier creusera l’escalier de 57 marches conduisant à une carrière souterraine, pour laquelle en février 1887 il écrivait au maire : « J’ai l’honneur de vous informer que j’ai ouvert dans ma propriété close de murs, sise sur le territoire de Carrières-Saint-Denis, au lieu-dit « le moulin », une excavation souterraine destinée à me servir de cave. Je profite de l’occasion pour extraire le moëllon jusqu’à cinq mètres des chemins qui l’entourent ». C’est par le puits fictif actuel que se faisait l’évacuation des pierres extraites.

L’hôtel-restaurant du Moulin lui fut ajouté dans les années 1890. Il connut une activité intense après l’installation du bureau de poste et du marché couvert, boulevard Carnot. Le client jouait aux cartes ou au billard et, s’il était chanceux, gagnait « la poule au gibier ».

 

Le Carrières Magazine du mois d'octobre 2020 a consacré une page entière au moulin de Carrières...