LE PREMIER PLAN CADASTRAL DE CARRIERES

- 4 OCTOBRE 1784 -

Le corps des arpenteurs-géographes

Indispensable pour administrer leurs domaines, connaître le territoire de leur royaume et de leurs ennemis, la cartographie prend un essor considérable sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV. Elle est confiée à des arpenteurs géographes - en quelque sorte les ancêtres des géomètres. Ils étaient chargés de mesurer la superficie des terres et de dresser des cartes topographiques.

Ils achetaient leurs offices et le transmettaient par héritage. Leurs commanditaires étaient les seigneurs, le clergé et les municipalités. Pour une meilleure perception des redevances, ils dressèrent des plans de seigneurie, des plans terriers parcellaires, des cartes d’arpentage, des plans de bornage… à partir de relevés au brouillon, dessinés sur le terrain jusqu’au plan final, réalisé en atelier.

Ceci n’avait rien de gratuit : il s’agissait d’établir avec précision les surfaces cultivées supportant l’impôt. A première vue incohérent, il faut se rappeler que notre plan cadastral correspond aux limites anciennes que nous avions avec les communes voisines. Certaines appellations de Carrières rappellent d’ailleurs la croisée des chemins avec les villes voisines mais ces constatations feront l’objet d’une étude séparée.

Au sein de la maison du roi, et plus particulièrement à la surintendance des Bâtiments du roi, fut créé le corps des « arpenteurs géographes ordinaires du roi" (1). Ils furent chargés de lever les plans du domaine royal, des capitaineries des chasses e des forêts, et des grans projets d'ouvrage hydraulique, à la fin du XVIIème siècle, les résidences royales, la machine de Marly...

 

(1) A distinguer d’un autre corps, celui des ingénieurs géographes, qui comprenait les ingénieurs civils, « les ingénieurs du roi », et les ingénieurs militaires, les « ingénieurs des camps et armées », dont le nombre augmenta sous le règne de Louis XIV afin d’assurer la défense de l’Etat et de servir l’art militaire et la diplomatie. Ils intervenaient en amont et en aval de la bataille : relevés de cartes frontières, de places étrangères et renforcement de fortifications en vue d’une offensive. Ils s’attachèrent ensuite aux ouvrages de génie civil et aux projets d’urbanisme : ils furent ainsi les prédécesseurs d’un nouveau corps, celui des Ponts et Chaussées, chargé des voies de communication, créé au XVIIIème siècle.

 

Antoine SCHMID, arpenteur du Roy

Le plan d’intendance de Carrières-Saint-Denis détermine le bornage de nos terres qui perdure de nos jours avec son territoire en forme de « chaussure ». Il fut réalisé par Alain SCHMID, arpenteur demeurant à Maison sur Seine (Maisons-Laffitte), conformément au procès-verbal dressé le 4 octobre 1784. Cette carte comporte le tableau comparatif des surfaces de terres labourables, de prés, de vignes et terres à vignes, de bois ou remises à gibier du roi, les maisons, bâtiments, cours et jardins, les chemins, rivières et friches… en mesure locale et en mesure du Roy.

 

 

Plan de la paroisse de Carrière-Saint-Denis

(« Le présent plan conforme au procès verbal en datte du 4 8bre 1784 par Schmid arpenteur demeurant à Maison sur Seine »).

Echelle 1/6909ème. Dimensions : 40,8 cm x 55 cm.

Vue géométrale. Dessiné à la plume, à l’encre de chine noire et rouge, sur papier entoilé.

 

Il en résulte un total de 1320 pieds en mesure locale et de 910 pieds en mesure du roi parmi lesquels les terres labourables comptent pour environ la moitié des superficies enregistrées (47 %) et les vignes et terres à vignes pour 36 % soit, à elles deux, 83 % de la surface. Presque rien n’est laissé en friche, tout étant cultivé ou laissé aux troupeaux.